Une nouvelle étude de l'UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) démontre que les entreprises peuvent compenser les impacts négatifs de leurs opérations et générer des retombées économiques importantes en finançant la restauration ou la protection d’espaces naturels. Mais les besoins des communautés locales doivent être correctement pris en compte.
« Les entreprises sont de plus en plus intéressées par des mécanismes permettant de minimiser et de compenser les effets négatifs de leurs projets », dit Nathalie Olsen, du Programme économique de l’UICN, auteure principale du rapport. « Des informations sur la répartition des coûts et des bénéfices des actions de conservation, notamment qui y gagne et qui y perd, sont essentielles, car elles leur permettent de savoir qui doit être indemnisé par qui, et de combien ».
Rio Tinto a récemment commandé à l’UICN une évaluation de la valeur monétaire de l’avantage que représente pour la biodiversité la conservation de la forêt de Tsitongambarika, au Madagascar, ainsi qu’une étude des coûts de cette conservation.
En raison de ses activités minières dans la région, Rio Tinto, en collaboration avec certains de ses partenaires en matière de biodiversité, explore différentes modalités de conservation environnementale pour compenser les inévitables impacts résiduels de ses activités. Rio Tinto appuie des organisations non gouvernementales et des collectivités locales en vue de la préservation de certaines parties de la forêt de Tsitongambarika, afin d’obtenir les gains environnementaux nécessaires pour atteindre un impact positif net sur la biodiversité pour cette activité.
« Il existe différentes valeurs liées à la diversité biologique et aux services assurés par les forêts tropicales, par exemple la nourriture, les habitats des espèces sauvages et le stockage du carbone », précise Dennis Hosack, du Programme Entreprises et Biodiversité de l’UICN. « Certaines d’entre elles peuvent être quantifiées et exprimées en termes monétaires, ce qui permet tant aux entreprises qu’aux autorités gouvernementales de mieux les intégrer dans la prise de décisions ».
« Ainsi, nous avons trouvé que l’ensemble des bénéfices économiques de la conservation de la forêt de Tsitongambarika s’élève au moins à 17,3 millions de dollars sur une période de 30 ans, principalement en raison des fonctions de régulation climatique », explique Nathalie Olsen. « Au moment de décider si restaurer ou protéger un territoire, démontrer la valeur économique positive de la nature et les bénéfices qu’elle offre aux populations rend l’option plus compétitive.»
La forêt de Tsitongambarika est la plus grande étendue de forêt humide de basse altitude du sud du Madagascar. Elle abrite une riche diversité biologique, avec plus de 80% d’espèces endémiques qui ne se trouvent nulle part ailleurs au monde. C’est aussi une source importante de moyens de subsistance sur le plan local. Cependant, la forêt est détruite à un taux de 1-2 % par an, principalement en raison des cultures itinérantes pratiquées par les populations pauvres.
Lors de l’évaluation des bénéfices liés à la conservation de la forêt, l’UICN a tenu compte de la valeur des habitats des espèces sauvages, de la régulation hydrologique et du stockage du carbone, et elle a examiné les coûts de la conservation, notamment les investissements initiaux, le coût du maintien des aires protégées, ainsi que les coûts d’opportunité supportés par les populations locales si elles perdent l’accès à des ressources naturelles qui étaient des sources traditionnelles de nourriture et de revenus.
L’étude a trouvé que, tandis que les avantages économiques conséquents liés à la conservation des forêts tropicales se font ressentir surtout à l’échelle mondiale, ce sont souvent les populations locales qui supportent la plupart des coûts des actions de conservation, et elles doivent recevoir une compensation pour ces pertes. Ces compensations peuvent revêtir la forme de paiements pour les services des écosystèmes, qui représentent pour les communautés locales des incitations à la protection ou à la gestion durable des sites. Le Programme des Nations Unies REDD+ (Réduction des émissions issues de la déforestation et de la dégradation des forêts) représente un autre moyen de reconnaître cette valeur, en tenant compte des objectifs définis par les stratégies nationales.
« Bien que l’étude soit axée sur le sud du Madagascar, ses conclusions peuvent être appliquées à des actions de conservation menées ailleurs dans le monde, et elles sont utiles aux entreprises du secteur privé, qui cherchent de plus en plus à compenser l’impact négatif de leurs activités sur la biodiversité, » ajoute Hosack.
Pour voir le rapport cliquez ici : https://www.iucn.org/dbtw-wpd/edocs/2011-062-Fr.pdf
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