La surpêche et le déclin des récifs menacent la pêche dans les îles du Pacifique et des Caraïbes, selon deux rapports de l’UICN

Gland, Suisse, 8 juin 2017 (UICN) - La surpêche et la dégradation des récifs coralliens dans les iles des Caraïbes et du Pacifique menacent d’extinction de nombreux poissons, notamment des sources alimentaires comme le thon et le mérou, selon deux rapports de la Liste rouge régionale publiés aujourd’hui par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Coral reef in Roatán, Honduras

Le rapport de la Liste rouge, Statut de la conservation de la biodiversité marine dans les îles du Pacifique d’Océanie, inclut des évaluations de 2800 espèces marines dans les 22 États et territoires insulaires d’Océanie, depuis la Papouasie-Nouvelle-Guinée jusqu’aux îles Cook – une zone riche en espèces, vaste, mais encore largement inexplorée. Selon le rapport, 11% de toutes les espèces marines évaluées dans la région sont menacées d’extinction, y compris des poissons qui sont d’importantes sources alimentaires.

Le rapport de la Liste rouge, Statut de la conservation des poissons osseux du rivage de la Grande Caraïbe, inclut des évaluations de 1360 poissons osseux du rivage – un groupe qui inclut la plupart des espèces de poissons que l’on trouve près du rivage – dans les 38 pays et territoires des Caraïbes. Environ 5% des poissons osseux du rivage dans les Caraïbes sont menacés d’extinction, selon ce rapport, du fait de la surpêche, de la prédation du poisson-lion envahissant, et de la dégradation des récifs coralliens et des estuaires, qui servent d’habitats et d’aires d’alimentation à de nombreuses espèces. Les espèces menacées par la surpêche sont souvent associées à l’habitat du récif.

« Ces nouveaux rapports tirent la sonnette d’alarme concernant la vie marine dans le Pacifique et les Caraïbes, deux régions durement touchées par la pêche non-durable et la destruction des habitats. Ces derniers volumes d’une série de rapports de la Liste rouge de l'UICN englobent plus de la moitié des océans du monde, et révèlent collectivement une menace imminente à la vie sous-marine. Il est essentiel que nous utilisions ces nouvelles connaissances scientifiques et analyses pour conserver efficacement les ressources marines, qui nous fournissent en alimentation, améliorent notre santé, soutiennent l’économie mondiale et nous protègent des pires effets du changement climatique » déclare la Directrice générale de l’UICN, Inger Andersen.

Dans les îles Pacifique de l’Océanie, environ un tiers des espèces coralliennes formant des récifs sont menacées d’extinction. La surpêche et la destruction des habitats – notamment des récifs coralliens – entraînent le déclin de nombreuses espèces de poissons, mettent en garde les auteurs du rapport. À titre d’exemple, quatre espèces de mérou, qui sont une source alimentaire importante, sont répertoriées comme Vulnérables – ses populations étant affectées par la surpêche et la dégradation des habitats près des côtes, notamment la mangrove, les herbiers marins et les habitats des récifs. 

Dans les Caraïbes, le vivaneau rouge (Lutjanus campechanus), Vulnérable, et le thon rouge de l’Atlantique (Thunnus thynnus), En danger, sont parmi les espèces menacées ciblées par les pêcheurs.

Dans les Caraïbes, on trouve moins d’espèces coralliennes individuelles – environ un cinquième –menacées d’extinction, bien que les récifs des Caraïbes soient globalement dans un état pire que ceux d’Océanie, à cause de la pression démographique couplée aux effets du réchauffement des océans. De nombreuses menaces de toutes tailles aplatissent les récifs dans une grande partie des Caraïbes, et affectent notamment le corail Elkhorn (Acropora palmata) et le corail Staghorn (Acropora cervicornis). Ces coraux endémiques à branches sont une des plus importantes espèces coralliennes qui forment des récifs dans les Caraïbes et sont vitales pour la survie des récifs. Ils sont répertoriés En danger critique.

« Nous savons que des aires marines protégées bien gérées peuvent améliorer la résilience des espèces marines dans les Caraïbes et le Pacifique face à des menaces croissantes. Dans une région extrêmement riche en espèces où prédominent de petits États insulaires, la coopération intergouvernementale entre pays doit être encouragée afin de garantir que les aires protégées soient gérées efficacement et que les pratiques de pêche destructrices soient minimisées » déclare Kent Carpenter, responsable de l’Unité pour la biodiversité marine de l’UICN.

Selon les recommandations du rapport, certaines espèces comme le thon obèse migrateur (Thunnus obesus), Vulnérable, ont besoin d’aires marines protégées plus grandes et géographiquement plus inclusives pour une conservation efficace. D’autres recommandations incluent l’utilisation des données de la Liste rouge de l'UICN pour identifier et conserver les Points chauds des espèces menacées, l’amélioration des ressources pour les organismes régionaux de pêche, et la protection des zones de reproduction pour les espèces revêtant une importance socio-économique cruciale.

Les insulaires des régions Pacifique et Caraïbes dépendent fortement des ressources halieutiques des récifs et d’autres ressources marines pour leur sécurité alimentaire et la génération de revenus. En Océanie, les taux de consommation de poisson sont élevés, environ 50 kg par personne et par an, à comparer aux 8 kg par personne et par an consommés par les habitants des zones continentales comme l’Australie.

La publication de ces deux rapports coïncide avec la Conférence des Nations Unies sur l’océan de New York, où l’UICN a appelé à des mesures urgentes pour lutter contre le changement climatique et la pollution liée aux plastiques marins.

Le rapport de la Liste rouge, Statut de la conservation de la biodiversité marine dans les îles du Pacifique d’Océanie, est disponible ici.

Le rapport de la Liste rouge, Statut de la conservation des poissons osseux du rivage de la Grande Caraïbe, est disponible ici.

Ce projet a bénéficié du soutien de l’Agence Française de Développement (AFD) dans le cadre du partenariat France-UICN.

Pour plus d’informations ou planifier des interviews, veuillez contacter :

Goska Bonnaveira, Relations avec les médias UICN, tél.: +4179276 0185, goska.bonnaveira@iucn.org 

 

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