L’outre-mer confronté au défi des espèces exotiques envahissantes

Le premier rapport sur les espèces exotiques envahissantes réalisé à l’échelle de tout l’outremer révèle que 49 espèces figurant parmi les 100 plus envahissantes au monde sont présentes dans les collectivités françaises ultramarines. Conduite par le Comité français de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature), cette étude met en évidence la nécessité d’un renforcement de la prévention et de la sensibilisation, d’une amélioration des cadres réglementaires et des mécanismes de contrôle, et l’importance de l’élaboration de stratégies intégrées nationales et locales pour la gestion des invasions biologiques.

les chats sauvages sont parmi les prédateurs introduits dans les îles les plus nuisibles pour la faune indigène

L’outre-mer en première ligne
Présentes dans les trois grands océans et sous différentes latitudes, les collectivités françaises d’outre-mer hébergent des richesses naturelles exceptionnelles. Sur une superficie équivalente à 0,08% de toutes les terres émergées, elles abritent davantage de plantes supérieures et de vertébrés endémiques que toute l’Europe continentale. Mais de par leur caractère principalement insulaire, elles sont également très vulnérables aux introductions d’espèces nouvelles.


Dans un contexte mondial marqué par la multiplication des déplacements et des échanges commerciaux, les collectivités d’outre-mer n’échappent pas à la vague des introductions d’espèces, volontaires ou accidentelles : 1200 espèces de plantes introduites aux Antilles, 1400 en Nouvelle-Calédonie et 2000 à La Réunion. Certaines de ces espèces se sont révélées agressives et envahissantes, causant des dégâts écologiques importants pouvant s’accompagner de conséquences économiques ou sanitaires.


Toutes les collectivités d’outre-mer sont concernées. A Tahiti, l’arbuste ornemental miconia a déjà recouvert les deux tiers de l’île et menace de disparition 40 à 70 espèces de plantes endémiques par son envahissement. En Guadeloupe et en Martinique, la mangouste est une cause de raréfaction pour diverses espèces d’oiseaux et de reptiles. A La Réunion, la liane papillon menace les derniers vestiges de la forêt semi-sèche. En Nouvelle-Calédonie, la fourmi électrique perturbe le fonctionnement des écosystèmes en éliminant de nombreux invertébrés. En Polynésie française, l’introduction de l’euglandine, un escargot carnivore, a contribué à l’extinction de 57 espèces d’escargots endémiques.


Un état des lieux à l’échelle de tout l’outre-mer
Face à ce phénomène, le Comité français de l’UICN a mobilisé un réseau de plus de 100 experts et personnes ressources issus de toutes les collectivités d’outre-mer et de métropole. Grâce à ce réseau et à l’appui de 12 coordinateurs locaux, une synthèse inédite sur les espèces exotiques envahissantes en outre-mer a été élaborée. Elle dresse l’inventaire des espèces envahissantes et de leurs impacts, recense les outils réglementaires, les actions de lutte, les programmes de recherche et les stratégies mises en oeuvre, et propose des recommandations pour améliorer la réponse face aux invasions biologiques.

Au terme de cet état des lieux, il ressort que 42 espèces de vertébrés exotiques et près de 300 espèces végétales représentent une menace déjà réelle ou potentielle pour les écosystèmes d’outremer. Le rapport montre que parmi les espèces inscrites sur la Liste rouge de l’UICN présentes en outre-mer, un amphibien sur trois et plus d’un oiseau sur deux sont directement menacés par des espèces exotiques envahissantes. Les exemples sont nombreux d’espèces introduites ayant entraîné la modification du fonctionnement des écosystèmes et la régression ou l’extinction d’espèces indigènes.


Dans toutes les collectivités d’outre-mer, de multiples acteurs se mobilisent, mais ils font face à des contraintes communes qui limitent leur action. Les moyens financiers disponibles ne sont ni suffisants ni pérennes. Le cadre réglementaire en place ne permet pas une gestion appropriée du risque. La sensibilisation des différents publics demeure très insuffisante. Les connaissances scientifiques demandent à être développées. Et l’absence de stratégies intégrées et de plans d’action nationaux et locaux ne permet pas une coordination suffisante des compétences et des acteurs.


La lutte contre les espèces exotiques envahissantes est d’autant plus difficile et coûteuse que le processus d’invasion est avancé. L’anticipation et la réactivité sont donc les clés du succès. Les recommandations élaborées visent notamment à renforcer les cadres réglementaires pour une meilleure prévention des invasions, à promouvoir la mise en place de cellules de veille et de réaction rapide, à consolider les connaissances et la sensibilisation, et à développer la coordination des actions au niveau des bassins biogéographiques et à l’échelle de l’outre-mer.


La France, qui s’est engagée à stopper le déclin de la biodiversité sur son territoire, ne pourra atteindre cet objectif sans une mobilisation forte sur cet enjeu majeur pour l’outre-mer. Plus largement, il est indispensable que les collectivités locales, l’Etat et l’Union européenne renforcent leur coopération régionale et internationale et élaborent des stratégies intégrées mobilisant l’ensemble des acteurs pour la gestion des espèces exotiques envahissantes.


Contacts - Comité français de l’UICN


Yohann Soubeyran
Chargé de projet “espèces envahissantes”, auteur du rapport
Tel. 02 62 49 92 29 / yohann.soubeyran@uicn.fr


Florian Kirchner
Chargé de mission “outre-mer”, coordinateur du rapport
Tel. 01 40 79 48 09 / 06 89 29 72 89 / florian.kirchner@uicn.fr


Sébastien Moncorps
Directeur, coordinateur du rapport
Tel. 01 47 07 78 58 / 06 73 86 87 29 / sebastien.moncorps@uicn.fr


Ressources
Des exemples détaillés et des contacts par collectivité sont présentés dans le cahier annexé au communiqué
Rapport complet, cahier photos couleur et brochure synthétique 8 pages disponibles à l’adresse :
http://www.uicn.fr/

Project and Initiatives: 
BEST
Go to top