Un site Colombien en zone de conflit est retiré de la Liste du patrimoine mondial en péril, sur avis de l'UICN

Bonn (Allemagne), le 30 juin 2015 (UICN) – Le Parc national Los Katíos, en Colombie, a été retiré de la Liste du patrimoine mondial en péril aujourd’hui, lors de la réunion du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO tenue à Bonn, en Allemagne. Cette décision fait suite à une recommandation de l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN), l’organisation consultative sur la nature du Comité.

Tendal Waterfall, Los Katíos National Park, Colombia

Après avoir subi de vastes dégâts infligés par l’exploitation forestière illégale, le braconnage, et la surpêche, qui ont proliféré dans un climat de conflit armé dans la région, Los Katíos a été placé sur la Liste du patrimoine mondial en péril en 2009, à la demande du gouvernement colombien. La Direction du parc a aujourd’hui récupéré le contrôle du site grâce à l’intensification des patrouilles et à l’implication des communautés locales dans l’utilisation durable des ressources naturelles de la région, permettant le retrait du site de la Liste du patrimoine mondial en péril.

« Voila en quoi consiste la Liste du patrimoine mondial en péril : un mécanisme constructif visant à stimuler des efforts conjoints au niveau national et international, afin de prendre des mesures concrètes face aux menaces imminentes qui pèsent sur notre patrimoine commun », explique Tim Badman, Directeur du Programme de l’UICN sur le patrimoine mondial. « La Colombie a su tirer parti de l’inscription de Los Katíos sur la Liste des biens en péril, et a déployé tous les efforts possibles pour renverser la situation critique dans laquelle se trouvait ce site exceptionnel. »

Le Parc national Los Katíos est devenu un site du patrimoine mondial en 1994, grâce à sa biodiversité exceptionnelle. Longeant le Parc national du Darien (Panama), autre bien du patrimoine mondial, ce parc s’inscrit dans une vaste région importante pour la survie de certaines espèces menacées, comme le tapir d’Amérique centrale, le fourmilier géant, le crocodile américain, ou encore le lamantin. N’ayant aucun passage transfrontalier officiel, la région du Darien constitue l’une des régions de plaines humides et de forêts tropicales de montagne les plus riches en espèces au monde, abritant un nombre exceptionnel d’espèces endémiques.

Toutefois, en raison de son isolement et de son emplacement stratégique, formant le plus étroit "pont terrestre" entre deux sous-continents et les océans Atlantique et Pacifique, la région se voit aussi affectée par le passage de groupes armés et de réfugiés, ainsi que par le trafic de drogue et l’utilisation illégale des ressources naturelles. Des dizaines d’années de conflits armés internes dans la région ont conduit les responsables du Parc national à perdre le contrôle de Los Katíos. La pauvreté des zones rurales voisines a également nourri la demande en ressources naturelles de ce site du patrimoine mondial.

Si la sécurité dans la région n’est pas encore complètement rétablie, la Direction du parc est désormais en mesure de contrôler l’ensemble du site. Une mission conduite par l’UICN en janvier 2015 a confirmé que l’augmentation croissante des patrouilles et la coopération avec les communautés locales, depuis l’inscription du parc sur la Liste des biens en péril, ont abouti à des résultats positifs, comme la réduction des activités illégales.

Les accords sur l’utilisation durable des ressources naturelles passés avec les communautés locales, qui sont désormais impliquées dans le contrôle des populations de poissons, ont permis de contenir la surpêche et la surexploitation des fleuves et des marais du site.

Le dialogue avec la communauté indigène des Wounaan, qui considèrent certains secteurs du parc comme leurs terres ancestrales, progresse lui aussi. Leurs droits ancestraux sont désormais reconnus, et la coopération en vue de maintenir l’équilibre entre les besoins de subsistance de cette communauté et les objectifs de conservation fait maintenant partie intégrante de la gestion du site.

« Les efforts déployés ces six dernières années par la Colombie pour relever les défis complexes affectant à la fois l’intégrité du Parc national Los Katíos, et les moyens de subsistance et la sécurité des communautés locales, sont impressionants, et doivent se poursuivre afin de garantir la conservation à long terme du site », indique Tilman Jaeger, Conseiller de l’UICN sur le patrimoine mondial. « Les sites naturels du patrimoine mondial sont bien plus que des lieux magnifiques – ils contribuent aussi à l’existence des populations. Nous avons tout à gagner à les gérer de manière durable et participative de ces biens. »

La Colombie a également réaffirmé qu’aucune base légale ne permet à deux grands projets d’infrastructures, qui pourraient éventuellement menacé le site, d’être poursuivis à l’intérieur du parc. Ces projets incluent le dernier tronçon manquant à l’autoroute panaméricaine – le plus grand réseau routier au monde qui relie l’Amérique du Nord, l’Amérique centrale, et l’Amérique du Sud, et qui s’interrompt au niveau de la région du Darien – et une ligne de transmission électrique reliant la Colombie au Panama. S’ils devaient se matérialiser dans le futur, les impacts potentiels indirects sur les valeurs de patrimoine mondial du Parc national Los Katíos devront être évalués.

Pour de plus amples informations, ou pour solliciter des entretiens, merci de contacter :
Ewa Magiera, Relations presse de l’UICN, ewa.magiera@iucn.org +41 76 505 33 78
Célia Zwahlen, Communications de l’UICN sur le Patrimoine mondial, celia.zwahlen@iucn.org +41 22 999 07 16

Notes de l’éditeur :
Les sites naturels du patrimoine mondial sont mondialement reconnus comme les aires protégées les plus importantes de la planète. Ils sont inscrits sur la Liste du patrimoine mondial de l’UNESCO en raison de leurs valeurs naturelles uniques, comme l’étendue des milieux naturels, le caractère intact des processus écologiques, la viabilité de populations d’espèces rares, ainsi que leur beauté naturelle exceptionnelle.

La Liste du patrimoine mondial en péril est conçue pour mobiliser une aide internationale urgente en vue de protéger les sites les plus menacés. Au total, 46 biens sont actuellement considérés « en péril », dont 19 – soit plus de 40% – sont des sites naturels.

L’UICN est l’organisation consultative du Comité du patrimoine mondial de l’UNESCO pour les biens naturels. En collaboration étroite avec la Commission mondiale des aires protégées (CMAP) de l’UICN, l’organisation évalue les propositions d’inscription de sites sur la Liste du patrimoine mondial, contrôle l’état de conservation des sites déjà inscrits, promeut la Convention du patrimoine mondial en tant qu’outil majeur de la conservation au niveau mondial, et offre soutien, conseils, et formations aux gestionnaires de sites, aux gouvernements, aux scientifiques, et aux communautés locales.

 

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